SÉMINAIRE SUR LA PRATIQUE DU TATOUAGE DE STÉPHANE CHAUDESAIGUES, LONDRES 2012

Le 17/07/2015 | Mis à jour le 26/11/2015 Salons : Avignon, Chaudes-AiguesTatoueur : Stéphane Chaudesaigues

La World Wide Tattoo Conférence est  une belle initiative, menée par le célèbre artiste tatoueur et italien,  Alex de Pase.

 

Pour l’édition 2012 le plateau des artistes est tout simplement extraordinaire, Joe Capobianco, Alex De Pase, Bob Tyrrell, Boris, Nikko Hurtado et Stéphane Chaudesaigues.

 

Deux jours intensifs et une salle comble.

 

Deux jours d’école où il est bien question de découvrir les ficelles d’un métier, mais surtout du style, de chacun de ces tatoueurs d’exception.

 

Adressé aux professionnels seulement, il est bien question de transmettre les acquis, la technique et l’expérience, à une génération de consœurs et confrères soucieux d’évoluer et d’apprendre, afin de parfaire leur technique.

 

Voici un extrait de la prestation de Stéphane.

 

Avant de commencer, j’aimerais remercier la WWTC, et tout particulièrement Alex De Pase, pour m’avoir invité à participer, à ce magnifique projet.

 

Nous reconnaissons tous en Alex, un artiste extraordinaire, c’est un honneur pour moi d’être présent à vos côtés, vous tous, chers confrères et amis.

 

Nous nous connaissons tous et depuis des années, j’en profite que nous soyons réunis aujourd’hui, pour vous faire partager mon admiration et mon plus grand respect pour vos parcours, vos œuvres et ce que vous apportez à notre communauté.

 

Pour aborder à présent un des points importants de notre rencontre et de ce séminaire, je pense effectivement que notre avenir, et celui de nôtre art, passe par la transmission du savoir, des expériences et tout simplement de nos techniques.

 

 

J’AI COMMENCÉ À UNE ÉPOQUE, OU LE TATOUAGE EN FRANCE, N’ÉTAIT PRESQUE RIEN D’AUTRE,  QU’UNE ASSIMILATION  DIRECTE ET SYSTÉMATIQUE, AU « MILIEU ».

 

Rebus de la société ou repris de justice, collait à merveille avec l’image du tatoué.

 

On pouvait s’attendre aussi, en forme de repentance, à la quasi obligation de cacher ou voir même de faire enlever ces « marques sales », preuve de bonne volonté pour une parfaite intégration dans la société.

 

Ce qu’il peut en ressortir, c’est que dans tous les cas, le fait de passer à l’acte sur son propre corps, en le modifiant et là nous ne parlerons que du tatouage, peut déstabiliser l’opinion publique et bien pensante.

 

Je ne parlerais pas de certaines religions, qui l’interdisent complètement d’ailleurs.

 

Ce qu’il pourrait en ressortir, c’est que nous puissions à un moment être perçu et considéré comme des personnes à risques, à l’équilibre psychique précaire et finalement dangereux pour nous même et notre entourage.

 

COMME BEAUCOUP D’ENTRE NOUS ET DEPUIS L’ENFANCE, LE TATOUAGE A TOUJOURS EXERCÉ SUR MOI  UNE RÉELLE FASCINATION.

 

Le nez sorti de mes bandes dessinées ou de « mes comics », je crois pouvoir dire, que le tatouage était seul capable d’octroyer des supers pouvoirs, dignes de mes supers héros.

 

Il est évident qu’à la fin des années 80, nous ne pouvions pas parler « d’art », à propos du tatouage.

 

Mais il cristallisait quand même, la volonté d’afficher une forme de rébellion, d’indépendance et aussi d’identité.

 

Rattaché toujours à une jeunesse en perdition, sans valeur ni réelle culture, je pense qu’il trouvera un véritable support avec différentes communautés, comme celles des bikers, skinheads, punks et rockers.

 

Ils ont su contribuer au développement du tatouage  en amateurs avertis et nous pouvons parler là, de la façon dont notre art s’est popularisé.

 

Il n’existait aucun magazine consacré au tatouage et inutile de parler de Myspace ou de Facebook LOL.

 

Les premiers magazines à aborder le tattoo, étaient dédiés au monde de la moto ou du porno chic. Pas facile là aussi de changer l’image du tatouage et des tatoués, dans l’esprit des gens ou du grand public.

 

Quelques ouvrages comme ceux du photographe, Chris Wroblewski  ou bien de Tattoo Advocate, ou l’on retrouvait La motivation de Shotsie Gorman et Paul Jeffries, à vouloir communiquer sur notre art.

 

Les adresses des quelques rares noms de tatoueur circulaient sous le manteau, dans les concerts ou différents rassemblements.

 

Nous parlions alors du tatouage artistique, indolore et électrique.

 

LE CONSTAT QUE JE PEUX EN FAIRE, APRÈS 25 ANS DE MÉTIER.

 

Le tatouage en ce qui concerne la France, est bien issu d’une certaine classe sociale, qui pourrait être considérée comme « à risque » et prolétaire.

 

Comme il est indéniable, de reconnaître que certains militaires, voyous ou criminels étaient tatoués.

 

Nous n’aurons pas le temps de développer autour du sujet aujourd’hui, mais je souhaitais dire, que nous n’avons pas à avoir honte de notre histoire et de notre passion.

 

Si nous avons été considéré et encore à ce jour, comme des parasites ou des cas sociaux, il serait bon de rappeler, que nous payons nos charges et que nous contribuons également au développement de l’économie du système.

 

Qu’il est bien sur possible de nous considérer comme des marginaux, mais en aucun cas comme des parasites.

 

Il suffit de regarder comment les grandes enseignes, les boîtes de communication, la publicité en générale, se sont emparées de l’image forte véhiculée par le monde du tatouage.

 

Ou tout simplement regarder autour de soi et constater le très grand nombre de personnes tatouées.

 

VOUS SAVEZ POURQUOI ?

 

Tout simplement parce que nous transmettons un message simple et puissant.

 

Là où nous manquons de valeurs, d’engagement et de prise de décision, nous montrons au monde, que nous avons choisi de vivre notre passion.

 

Au travers des époques, des cultures, des religions et surtout des interdictions.

 

Nous avons eu le courage de ce fameux « passage à l’acte » ou de ce qui pourrait encore être assimilé à une forme de transgression.

 

Nous avons su faire nos choix et nous les assumons et ce à une époque où tout est superficiel, rattaché à un changement permanent de modes, de produits, nous portons nous, une marque permanente et définitive.

 

« CE SONT DES ARTISTES, QUAND MÊME ».

 

Pour en terminer avec ce qui me semble être notre intégration au système.

 

J’ai souvent entendu cette remarque, oui mais ce sont des artistes quand même !

 

Nous nous sommes efforcés, avec nos moyens de porter au plus haut nôtre passion.

 

D’évoluer nous-mêmes et de faire évoluer notre technique.

 

La plupart d’entre nous, « au commencement », n’avions aucune base en dessin et ne connaissions pas grand chose à l’histoire de l’art en général.

 

Le tatouage se suffisait à lui même, et nous étions plus dans la symbolique de la marque ou de la trace, que de la recherche d’une œuvre.

 

Un tatoueur pouvait être connu et reconnu voir même célèbre, uniquement par son activité de tatoueur.

 

Ce qui m’amène à faire une distinction importante concernant notre métier. L’aspect lié à la prestation de service, « je souhaite me faire tatouer, je m’adresse à un artisan tatoueur,  de préférence à un bon » et une démarche plus artistique qui implique de mettre en avant, le travail personnel de l’artiste.

 

Les deux aspects ne sont pas incompatibles et selon moi sont nécessaires pour l’industrie du tatouage et son développement je préciserai que l’un n’est pas plus valorisant que l’autre, ce n’est qu’une affaire de choix, d’orientation et de sensibilité.

 

Comme une spécialisation, dans un style plus qu’un autre.

 

MAIS SI VOUS ÊTES ICI, C’EST QUE VOUS SOUHAITEZ PROGRESSER, VOUS DÉPASSER ET  APPORTER LE MEILLEUR DE VOUS MÊME DANS LE RAPPORT ET LA RELATION QUE NOUS AVONS AVEC NOTRE « CLIENT ».

 

L’évolution artistique du tatouage,  fait grimper le niveau d’une façon générale, ce qui implique que le travail lié à la prestation de service, se doit lui aussi de progresser.

 

Tous les tatoueurs ne sont pas des  « artistes » et encore moins des bons prestataires, il leur manque souvent les bases ou la « bonne » méthode pour se faire plaisir et réussir à se rapprocher d’un idéal.

 

J’espère pouvoir le plus simplement possible vous parler de ma façon d’appréhender le métier de tatoueur, mais aussi de la possibilité de se faire plaisir.

 

D’exister au travers d’un medium extraordinaire, en perpétuant un rituel  et des gestes datant de plusieurs millénaires.

 

Le tatouage est un acte sacré, dans ce qu’il véhicule mais aussi pour ce qu’il apporte aux personnes qui nous sollicitent.

 

AVANT TOUTE CHOSE, IL FAUT PRENDRE EN COMPTE QUE VOUS TATOUEZ,  CE QUE VOUS SAVEZ DESSINER OU PEINDRE.

 

Choisir un médium en parallèle du  tatouage n’est pas un luxe, c’est même nécessaire.

 

Les difficultés purement techniques, comme le choix des aiguilles, des machines ou du réglage des dermographes, reste facilement assimilable.

 

Par contre trouver « son style » ou la façon de traiter ses propres visuels, demande un investissement personnel.

 

Il est parfaitement possible d’adapter son style,  graphique ou picturale, dans la peau et c’est même conseillé.

 

Pour certains confrères le choix s’orientera vers l’aquarelle, la peinture à l’huile, les feutres ou tout autre moyen...

 

Vous pourrez prochainement télécharger l'intégralité du séminaire sur le site dédié  www.tatouage-partage.com.

 

https://www.youtube.com/watch?v=DCCRewdhPig

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